samedi 9 mars 2013

G comme Génie (féminin) et Gratitude

Merci à Adrienne qui a eu une l'insigne gentillesse de traduire les vers de la poétesse néerlandaise Maria Tesselschade Roemers publié par moi il y a une semaine ici. 
Quel extraordinaire poème ! Et quelle impressionnante traduction ! Je suis très émue. Pourquoi les poétesses des siècles passées ne sont-elles pas TOUTES traduites et dans toutes les langues ???
 J'ai copié/collé ci-dessous le billet tel qu'Adrienne l'a rédigé car elle associe les thèmes abordés sur son blog aux lettres de l'alphabet et le thème Tesselschade est à la lettre G (il faudra juste qu'elle me dise ce que signifie Graag Gedaan !) 




G comme Graag Gedaan!

A la demande d'Euterpe, une traduction d'un poème de Maria Tesselschade Roemers (17e siècle)
Elle y exprime le pouvoir consolateur de l'écriture de soi.
Aan mijnheer Hooft, op het overlijden van Mevrouw van Sulecom
A monsieur Hooft, à l'occasion du décès de madame van Sulecom
Die als een Baak in zee van droefheid wordt gehouwen,
geknot van stam en tak, en echter leven moet,
zendt u dit zwak behulp voor ’t troosteloos gemoed,
gedompeld in een meer van Baerelijke rouwen.
Celle qui a été tranchée comme une balise dans une mer de douleur,
Tronc et branches abattus, et qui pourtant doit vivre,
Vous envoie ce faible soutien pour l'âme inconsolable,
Immergée dans une véritable mer de deuil.
Zegt Vastaard dat hij mocht pampieren raad vertrouwen
zo d’innerlijke smart zich schriftlijk uiten kon.
Hij staroog’ in liefs glans als aadlaar in de zon
en stell’ zijn leed te boek, zo heeft hij ’t niet t’ onthouwen.
Dites à Vastaard qu'il peut se fier aux conseils du papier
S'il réussit à exprimer sa douleur par écrit.
Qu'il contemple le rayonnement de son amour comme un aigle le soleil
Et qu'il mette sa douleur par écrit, ainsi il ne doit pas l'avoir en tête.
Pampier was ’t wapentuig waarmee ik heb geweerd
te willen sterven, eer ’t de Hemel had begeerd,
daar overwon ik mee, en deed mijn vijand wijken.
Le papier est l'arme avec laquelle je me suis défendue
Contre l'envie de mourir avant l'heure,
Grâce à lui je vainquis et fis reculer mon ennemi.
Zijn eigen lesse leer’ hem matigen zijn pijn,
want kwelling op de maat en kan zo fel niet zijn.
Bezweer hem dat hij zing’ op maatzang droevelijken.
Que ses propres leçons lui apprennent à tempérer son mal,
Car le tourment rythmé (par la poésie) ne peut être si vif.
Conjurez-le de composer sur des mesures tristes.
***
Le mot 'pampier' pour 'papier' m'a d'abord étonnée
puis je me suis souvenue avec émotion
que mon arrière-grand-père (°1878)
disait lui aussi 'pompeer'
Merci Euterpe
Sourire



C'est moi qui vous remercie Adrienne et plutôt deux fois qu'une ! ;)

9 commentaires:

  1. Ce poème me touche beaucoup, il me fait douloureusement écho... J'aurais aimé que l'écriture puisse être un exutoire pour moi comme elle le fut pour Maria Tesselschade Roemers.

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  2. Je comprends, cela m'a fait le même effet. Beaucoup de femmes à travers les âges ont écrit cela et écrivent cela encore aujourd'hui, chacune à leur manière, sur l'écriture. Mais, elle, elle le dit plus puissamment encore. Elle touche le nerf principal.

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  3. Je crois que je ne t'ai jamais remercié Euterpe de nous re-faire découvrir tout ce pan de notre histoire complétement mis de côté.
    Ma conscience s'éveille de plus en plus et je suis de plus en plus frappée par le masculincentrisme.
    Hier encore j'écoutais un animateur disant sans penser à mal "tout le monde aime les jolies filles" et de tout le monde de rire de connivence. Hors c'est complètement con, en tant que femme hétérosexuelle, on s'en fout des jolies filles. Imagines-t-on une animatrice dire "tout le monde aime les beaux garçons (ou jolis...)?" Aucun homme ne rirait de connivence sous peine d'être peut-être perçu comme homosexuel, ce qui dans notre société serait l'insulte suprême. Non cette expression fait référence à l'"objectisation" des "jolies filles" (genre j'aime bien les caniches) et à une NORME masculine. C'est juste frappant de voir toutes ces expressions, ces étonnements qui nient complètement la femme. Ou là je viens de voir la diffusion d'une étude qui concluait attention scoop "les pieds de la femme s'élargissent pendant une grossesse". Oulà quelle incroyable découverte! Genre c'est un truc ultra connu qui arrive à une proportion non négligeable de femmes mais tant que ces messieurs "chercheurs" n'ont pas fait une étude là-dessus, on ne peut rien prouver officiellement. La femme, cet animal exotique.
    Excuse-moi pour tout ce hors-sujet, mais je suis juste tellement frappée, comment réussir à élever un garçon sans qu'il devienne un imbécile et une fille qui puisse imaginer que tous les choix s'offrent à elle? La tâche me parait de plus en plus insurmontable.

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    1. Je suis vraiment contente d'apprendre que j'ai pu contribuer à ta prise de conscience du phallocentrisme, lyly mais sache que c'est en m'efforçant d'en avoir moi-même conscience car ce n'est pas facile avec le matraquage de mensonges que nous subissons. Dans l'ensemble, je pense avoir aider à balayer une idée qui sévissait sur le web comme quoi on devait laisser du temps aux hommes car le féminisme était né d'hier et que les pauvres chéris n'étaient pas encore habitués. Alors qu'en réalité cela fait des siècles et des siècles que certaines femmes se battent pour leur liberté et échouent face à la violence du patriarcat. Je ne lis plus jamais nulle part que le combat est tout neuf. Et je considère un peu cela comme une victoire personnelle. Ma contribution est peut-être minime à l'évolution des mentalités féminines sur notre parcours à nous mais pas "inutile" (pour reprendre les termes d'une certaine "féministe" notoire qui se demande en quoi les Femen sont utiles aujourd'hui, ce qui me choque terriblement, je dois dire).

      Pour l'éducation des enfants, oui, j'y réfléchis tous les jours. Il faut constamment leur faire avoir un regard critique sur la propagande ambiante. C'est tout ce qu'on peut faire. Et leur montrer qu'il existe d'autres modèles même s'ils ne sont pas médiatisés.
      Hier, j'ai montré à miss B., 4ans et 99 centième (oui elle a bientôt 5 ans :)) des gravures représentant des piratesses et on les a redessinées ensemble. Après quoi on s'est amusé à faire de l'escrime et regarder des scènes d'escrime féminine sur youtube.
      Sur l'un de mes dessins, on voyait la piratesse menacer un homme avec un grand sabre. Lui avait aussi un sabre mais il semblait en état d'infériorité. Elle a voulu que j'écrive le nom d'un petit garçon de son jardin d'enfants sous l'homme et son nom à elle sous la piratesse. Elle était toute contente de cette représentation. On sentait qu'elle lui faisait du bien.
      Les représentations en image jouent un rôle essentiel dans l´éducation à mon avis.

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  4. Mettre en mots les maux, finalement, la psychanalyse avant Freud. Superbe !

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    1. Ça n'a vraiment rien à voir avec la psychanalyse, au contraire.

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    2. En effet, ce n'est pas nous qui avons découvert les vertus thérapeutiques de l'écriture, loin de là !:)

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  5. Merci merci pour la découverte et la traduction.

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    1. Tout le plaisir est pour moi elihah ! Merci d'être passée par là ! :)

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