lundi 13 février 2012

Pizarro au Congo

A propos d'opéra :


Bienvenu Mbutu Mondondo a été débouté de sa demande d'interdiction de "Tintin au Congo": Pour Bienvenu Mbutu Mondodo, il ne fait aucun doute que "Tintin au Congo" est une « BD raciste, qui fait l'apologie de la colonisation et de la supériorité de la race blanche sur la race noire ». Une définition que réfute l'éditeur Casterman et la société Moulinsart, qui gère les droits commerciaux de l'œuvre d'Hergé. « Il faut prendre une œuvre dans son contexte et la comparer avec les informations et les clichés de son époque », a ainsi déclaré Me Alain Berenboom, avocat des deux ayants-droits, qui s'est félicité du jugement du tribunal bruxellois.

Sur FranceSoir.fr

Je suis personnellement choquée par le rejet par la justice belge de la demande de Mr Mbutu Mondondo que je trouve parfaitement légitime. L'album "Tintin au Congo" diffère beaucoup des autres albums de Hergé et il est non seulement raciste mais présente des scènes de massacres d'animaux assimilées à des très bonnes grosses blagues. C'est écoeurant.

Ce sont les Espagnols qui, au XVIe siècle, ont instauré le racisme colonial. Ils comparaient les autochtones à des animaux parce que ceux-ci ne portaient pas d'habits, soulevaient de lourdes charges, peignaient leur corps, et ne parlaient pas la même langue que la leur.

Si le mot race apparaît au XVe siècle (appliqué à l’élevage), il ne sera appliqué à l’humain qu’à partir du XVIIe siècle. Le racisme comme doctrine est plus récent encore.

Au XVIe siècle, les Espagnols opposent la « mission civilisatrice » de l’Espagne en Amérique à «l’infériorité naturelle » et même à la « perversité » des Indiens. Ainsi l’effort pour justifier l’agression et la domination sur un groupe présenté comme biologiquement inférieur, par un autre groupe, jugé supérieur, date bien des débuts de la colonisation. A ce titre, Tintin qui se déplace dans une colonie belge se comporte comme un espagnol du XVIe siècle.

Hergé sympathisait d'ailleurs avec le Rexisme, mouvement d'extrême-droite proche du nazisme dont le racisme est indéniable.

La justice belge fait-elle de la dénégation de réalité ou a t-elle peur de devoir mettre ensuite un bandeau d'avertissement concernant le sexisme de certains albums (pour ne pas dire de tous) ?

Car le personnage de la cantatrice, par exemple, depuis l'apparition de l'oeuvre d'Hergé dans le paysage culturel francophone, est assimilée à la "Castafiore" de Hergé : grosse, vaniteuse, colérique, condescendante et sans-gêne qui casse volontiers les oreilles de son entourage.
Bien qu'elle sorte habilement du pétrin Tintin, le capitaine Haddok et Tournesol dans "L'affaire Tournesol" cela n'est pas présenté comme un acte généreux et héroïque mais comme une évidence qui ne mérite pas d'être soulignée. Hergé n'a sans doute pas trouvé de scénario moins gynéphile pour tirer ses héros d'affaire alors que son souhait n'a de toute évidence jamais été de valoriser une femme.


Est-ce que pour l'homme blanc dans sa grande majorité tout ce qui n'est pas lui est-il ridicule, incompréhensible, sauvage et en un mot : animal ?

aguirrecut

(Ill. : photo extraite du film "Aguirre ou la colère des dieux" de Werner Herzog avec K.Kinski)

4 commentaires:

  1. Les primitifs ou peuples premiers ont été animalisés, évidemment ; il faut rejeter l'autre dans une différence radicale (et quoi de plus radical que d'animaliser pour notre arrogante espèce ?) pour le tuer. J'ai entendu la semaine dernière, au sujet d'une expo sur la colonisation, que le noir avait été déclaré fainéant pour mieux justifier sa mise en esclavage. J'ai lu également sur un blog, à propos des "banksters" et des financiers contemporains que leurs méthodes étaient "bestiales" ! Les animaux font des banquiers parfaits, plumant leurs semblables, c'est archi-connu ; décidément, le ridicule ne tue jamais, mais le racisme, le sexisme et le spécisme font leur œuvre en catimini, pour mieux nier l'autre et le réduire à néant, le tuer. Les victimes de la Shoah étaient nommés rats ou poux, et les victimes du génocide rwandais, cancrelats. Le spécisme est le racisme premier et à ce titre, il est hautement suspect et dangereux. Bravo pour ce billet.

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  2. Merci Hypathie. L'humanité ne se veut absolument pas animale, ce qui est d'une absurdité incroyable ! Nous sommes pourtant des créatures habitant cette planète au même titre que les autres êtres vivants. Déjà toute petite, j'ai trouvé cette vanité des humains par rapport aux dénommés "animaux" totalement incompréhensible. Comme si le fait de fabriquer des tas d'objets nous élevaient au dessus de tout ce qui vit en dehors de nous.
    Oui le spécisme est tout aussi grave que le racisme et le sexisme et il faut le combattre au même titre. Ni les noirs, ni les femmes, ni les animaux ne constituent de la matière première destinée à servir aux activités du mâle blanc.

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  3. Surtout que des animaux qui fabriquent des objets il y en a, et pas que les grands singes, des oiseaux aussi... Finalement on peine à trouver des capacités qui seraient uniques à l'être humain.

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  4. A Berenice : tout à fait d'accord. En plus en fabriquant bien trop d'objets-prothèses au dépend de ses propres capacités biologiques qui régressent de facon tragique, l'être humain s'acharne juste à se mutiler lui-même ce qui ne témoigne pas d'une grande intelligence.

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