vendredi 6 mai 2011

Cours de littérature pour les nuls

Il paraît que critiquer un livre quand on ne l'a pas lu, c'est aller un peu loin. Je vous soumets donc l'extrait lisible pour tous sur le site de l'Express du dernier roman en vogue qualifié d'historique, le fameux Charly 9, objet de ma critique. Lisons-le ensemble et analysons-le. Comme l'auteur de cette prose se compare à Alexandre Dumas en l'estimant dépassé, je propose de commencer par faire parler le Charles XI de Dumas, honneur aux absents et défunts de surcroît :

Mais, sire, reprit le duc de Guise, si l’on disait à Votre Majesté : Sire, Votre Majesté sera délivrée demain de tous ses ennemis ? [Guise avance à couvert (cf. "si l'on disait" ?)]

Et par l’intercession de quel saint ferait-on ce miracle ? [Charles, sceptique, l'encourage néanmoins en parlant de "miracle"]

Sire, nous sommes aujourd’hui le 24 août, ce serait donc par l’intercession de saint Barthélémy.

Un beau saint, dit le roi, qui s’est laissé écorcher tout vif ! [Charles comme toutes les victimes n'aime pas les martyrs]

Tant mieux ! plus il a souffert, plus il doit avoir gardé rancune à ses bourreaux. [allusion à la "souffrance" des ultra-catholiques dont les protestants sont les bourreaux]

Et c’est vous, mon cousin, dit le roi, c’est vous qui, avec votre jolie petite épée à poignée d’or, tuerez d’ici à demain dix mille huguenots ! Ah ! ah ! ah ! mort de ma vie ! que vous êtes plaisant, monsieur de Guise ! [Charles blessé d'avoir moins de prise sur les événements que Guise, le raille ouvertement. Puis, phrase suivante, bascule légérement dans l'hystérie. (L'impuissance du puissant = paradoxe qui rend Charles fou)]

Et le roi éclata de rire, mais d’un rire si faux, que l’écho de la chambre le répéta d’un ton lugubre.

Sire, un mot, un seul, poursuivit le duc tout en frissonnant malgré lui au bruit de ce rire qui n’avait rien d’humain. Un signe, et tout est prêt. J’ai les Suisses, j’ai onze cents gentilshommes, j’ai les chevau-légers, j’ai les bourgeois ; de son côté, Votre Majesté a ses gardes, ses amis, sa noblesse catholique… Nous sommes vingt contre un. [Guise met cartes sur table. Il est le plus fort mais il ne prendra pas les armes contre le roi si celui-ci lui dit „oui“. Or comme Charles se réfugie dans des réactions purement épidermiques, il lui est difficile d'obtenir son accord]

Eh bien ! puisque vous êtes si fort, mon cousin, pourquoi diable venez-vous me rebattre les oreilles de cela ?… Faites sans moi, faites !…[Charles est encore une fois vexé. Guise a plus de pouvoir que lui (cf. „si fort“). Il est humiliant de dire "oui" sous la contrainte]

Et le roi se retourna vers ses chiens. [renforce l'impression précédente]

Alors la portière se souleva et Catherine reparut.

Tout va bien, dit-elle au duc, insistez, il cédera.

Et la portière retomba sur Catherine sans que Charles IX la vît ou du moins fît semblant de la voir. [de cette manière Dumas laisse planer un doute. Qui est coupable ?]

Mais encore, dit le duc de Guise, faut-il que je sache si en agissant comme je le désire, je serai agréable à Votre Majesté. [Guise ne sait toujours pas si c'est du lard ou du cochon puisque Charles ne se prononce pas. Il assure donc au roi que son trône n'est pas menacé (cf. „être agréable à votre majesté“)].

En vérité, mon cousin Henri, vous me plantez le couteau sur la gorge ; mais je resterai, mordieu ! ne suis-je donc pas le roi ? [Dumas fait allusion a la crainte de Charles d'une conjuration comme celle d'Amboise au règne précédent. D'où le : „je resterai“. Guise a une armée et une alliée en la reine-mère, Charles n'a que sa légitimité de roi]

Non, pas encore, sire ; mais, si vous voulez, vous le serez demain.

[Guise confirme qu'il tient dans sa main le pouvoir du roi]

[Dans ce dialogue tout en finesse, Dumas fait intervenir un Guise, sachant que les historiens soupconnent cette famille d'avoir leur part de responsabilité dans le massacre. Les Guise sont si puissants qu'ils se permettent de dire au roi qu'il n'est „pas encore“ roi. Le rôle d'intrigante de Catherine est allusif, elle pousserait Guise dans l'ombre (image de la portière qui se soulève et qui retombe). La part de Catherine est une invention de Dumas mais il ne charge pas trop le personnage dans cette scène. Les protagonistes ont, du moins, des contours nets. Guise est pragmatique et ambitieux, Catherine est manipulatrice mais sans prise directe sur son fils, Charles pourrait avoir le profil de ces enfants à qui on a donné trop de pouvoir et qui, manquant de repères personnels, se réfugient dans une sorte d'égocentrisme destructeur. Ce profil est toujours actuel]



Voyons Teulé :



"Un gentil garçon semblant à peine sorti de l'adolescence - il vient d'avoir vingt-deux ans - écarquille ses grands yeux [j'ai envie de dire : de Bambi ?] :

[Pour Teulé, Charles est un gamin de 22 ans. Or avoir 22 ans en 1572 n'est pas avoir le même âge en 2011. Au XVIe siècle on était évêque à 15 ans, général à 16, maréchal à 19. Les moeurs étaient loins d'être infantiles comme aujourd'hui. Sans aller chercher si loin, il suffit de voir un documentaire sur 1968 pour trouver que les étudiants de 20 ans avaient l'air d'en avoir 35 tandis qu'aujourd'hui ils en paraissent 14. Mais Teulé qui croit que rien n'a changé dans ce domaine, fait une fixation sur ce détail du début à la fin]

  • Quoi ? Vouloir que j'ordonne, pour cette nuit, l'assassinat d'un convalescent surpris en plein sommeil ? Mais vous n'y pensez pas, ma mère ! [Teulé veut nous indigner avec un Charles dont nous partagerions la candeur] Et puis quel homme, l'amiral de Coligny que j'appelle "mon père" [explications historiques maladroitement placées dans le dialogue]. Jamais je ne scellerai cet édit !

    Tout loyal, franc, ouvert du coeur et de la bouche, le garçon [Charles est l'innocence même, tâchons de nous imprégner de cette idée], à haute fraise blanche entourant sa gorge jusqu'au menton, s'étonne [ je ne sais pas pourquoi mais un télétubbie me vient à l'esprit] :

    - Comment pouvez-vous [redondant (cf. : „vouloir que“ plus haut] venir me réclamer la mort de mon principal conseiller qui déjà hier matin, sortant du Louvre, fut arquebusé dans la rue par un tueur caché derrière du linge séchant à une fenêtre [description des événements que les lecteurs ne connaissent pas, insérée dans le dialogue] ?.. Il n'est que blessé. Ambroise Paré dit qu'il s'en tirera et je m'en réjouis [idem + on est censé croire que Charles est le seul au courant ou croire que Charles croit être le seul au courant].

    - Pas nous, répond une voix de matrone au fort accent italien. D'autant que c'est ton jeune frère et moi qui avions commandité l'attentat.
    [l'affreuse matrone avoue tout de go + racisme anti-accent = la métèque qui fait peur]
    - Quoi ? ! [coassement ?]

    Le garçon, d'un naturel aimable et ayant de bonnes dispositions [sauf qu'il a une mère impossible à cause de laquelle il a mal tourné au cas où on ne l'aurait toujours pas compris], n'en revient pas. Sous un bouquet de duvet de cygne à sa toque, il tourne lentement [c'est un script de film là?] la tête vers les six [tiens ils sont six ?] personnages assis côte à côte devant lui. L'un d'eux, vieux gentilhomme vêtu d'une jupe [à un autre endroit on a la fameuse couche-culotte c'est là que se tient l'originalité du style] de damas cramoisi, regrette :

    - Sire, le seigneur de Maurevert, tueur professionnel [bon mais les explications dans le dialogue, ca va 5 mn] mais mal habitué aux armes à feu, voulait faire ça à l'arbalète. Pour plus de sûreté, nous lui avons imposé l'arquebuse. Mal nous en a pris . Au moment du tir, Coligny s'est penché pour réajuster sa mule. Maurevert a manqué sa cible [explications, explications = voilà un personnage d'une grande utilité. il sert à Teulé à ne pas mettre toutes les explications dans la bouche de Charles = prière d'applaudir à la trouvaille !].

    Le jeune roi aux joues arrondies [oui on l'a compris il est très jeune !] hoche la tête d'un air consterné :

    - Quand je pense que cet après-midi je suis allé rue de Béthisy, au chevet de l'amiral, lui promettre de faire rechercher et punir les coupables... [ce qui prouve que l'explication du fameux "vieux gentilhomme" anonyme qui débarque comme un cheveu sur la soupe était inutile. Si Charles a été au chevet de l'amiral, il devrait être au courant de l'attentat dans ses moindres détails!] C'étaient ma mère et mon frère ! [au secours la découverte même pas théâtrale ! Racine revient !].. Mais pourquoi avez-vous décidé ça, tous les deux, mamma ? [bon, là je craque, la niaiserie a ses limites]


Je préfère passer sur les expressions comme „vouloir que“, „vous n'y pensez pas“, „d'autant que“, „n'en revient pas“ „mal nous en a pris“ „quand je pense que“, supportables sur un blog mais pas dans un roman, et je vous demande où se rencontrent dans ce dialogue les caractères de ces personnages qui ne s'adressent visiblement pas l'un à l'autre mais uniquement aux lecteur/trice.s.



Maintenant il paraît que Jean Teulé est un GRAND ÉCRIVAIN (lu sur un nombre incalculable de sites et de blogs + entendu sur Daily Motion). De qui se moque t-on ?

19 commentaires:

  1. Quand je discute bouquins (je n'ose pas qualifier de "littérature" tous les livres qui passent entre nos mains) avec mon entourage (majoritairement des scientifiques, mais aussi des gens croisés sur des forums de discussion sur des sujets loin de la littérature), on me dit souvent des choses du genre "c'est un bon livre, il se lit bien", ou "j'adore cet auteur, il sait bien raconter".
    Je pense que le lecteur moyen veut qu'on lui raconte des histoires qui lui font plaisir et qu'il puisse aborder sans effort, comme au cinéma. Il est hermétique à la beauté littéraire, et ne sait pas apprécier un style. D'ailleurs, le mot "style" le renvoie à ses cours de français à l'école qui l'ont bien fait chier.

    Tiens, deux exemples de remarques que j'ai entendues dans la bouches de personnes cumulant des diplômes scientifiques. Des gens qui sont censés savoir réfléchir, mais n'appliquent leur réflexion qu'en sciences et sont hermétiques au reste. Les deux personnes ont une bibliothèque bien remplie, l'une de polars, l'autre de science-fiction (je n'ai rien contre ces bouquins, mais se limiter à un type de littérature, c'est dommage, je trouve).
    A propos des cours de français : "On a vu plein de trucs inutiles, des tas de figures de style dont je ne me rappelle plus le nom... Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre ?" La même personne ne comprend pas qu'on apprenne la différence entre un adverbe et un adjectif. Tout ce qui est technique dans la langue française ne l'intéresse pas.
    A propos de "Trois femmes puissantes" de Marie N'Diaye : "En fait il y a 3 histoires dedans, c'est un recueil de nouvelles, pas un roman. C'est de la merde." Cette personne avoue désirer qu'on lui raconte des histoires. Les idées ne l'intéressent pas.

    Je ne prétends pas que les réflexions de mes connaissances soient représentatives du lectorat français, mais ça propose des pistes.

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  2. A Kalista : Dumas est justement un conteur hors pair ! Je crois que la pub, le tapage médiatique y est largement pour quelque chose dans l'altération des goûts. Autrefois on avait un peu honte de lire de la sous-littérature. Maintenant elle passe pour de la littérature parce que les médias veulent la faire passer pour telle. Les gens seraient plus exigeants s'il y allait de leur réputation. Personne n'a mauvaise réputation en ne lisant que des polards, des mangas ou Stephen King et pourtant c'est particulièrement abrutissant.
    De mon côté je connais des scientifiques qui préfèrent lire de la bonne littérature plutôt que des "bestsellers" qui ne sont la plupart du temps que des produits boostés.
    Donc il y aussi scientifiques et scientifiques.
    Mais dans certains cercles c'est même un snobisme de cracher sur les belles lettres pour encenser des torchons mal écrits comme ceux de Teulé.

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  3. Merci Euterpe , j'aurais aimé avoir une professeure comme vous . J'aurais perdu moins d'années de profonde naïveté à gober tout ce qu'on me présentait comme de la littérature .

    Je suis de la génération Bernard Pivot qui m'a appris à sa manière à nous faire aimer les lires . Mais malheureusement , après avoir acheté les ouvrages qu'il conseillait je me suis souvent dit que je m'étais fait avoir et Teulé en faisait partie .
    Je suis un "pseudo-scientifique" comme le dit si justement Kalista car à l'école on méprisait ceux ( et surtout celles ) qui faisaient BAC philo ou BAC A .Considérées comme ceux ( ou celles ) qui n'avaient pas "réussi" , comme une voie de garage qui ne menait à rien .
    Je me considère comme nul en littérature mais je ne le prends pas mal et j'adore lire les choses bien écrites .Je ne supporte plus les bouillies prétentieuses et sans âme de ceux qu'il faut absolument avoir lu pour avoir l'air branché , car comme beaucoup de citoyens avides de culture mon but n'est pas de briller dans les salons mondains .
    A cours de mes études j'ai vu défiler des gens qui se targuaient d'avoir "tout lu Freud" . 40 ans après ils n'y ont toujours rien compris ! L'important n'est pas d'avoir lu ou pas tel ou tel ouvrage mais c'est d'en avoir retiré la "substantifique moelle"

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  4. La seule fois que j'ai lu Teulé, c'était son bouquin 'Je,françois Villon' et on ne m'y reprendra plus.
    Outre des expressions malvenues, artificiellement tarabiscotées pour 'faire médiéval', on trouve des des moments clairement romancés (on en sait peu sur Villon lui-même), mais surtout l'appui permanent sur la noirceur du temps, les blessures et autres tortures et douleurs m'ont juste laissé un sentiment de descriptif sadique pour attirer le chaland.
    Ben voilà je ne suis pas chaland.

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  5. Erreur , Teulé je l'ai connu avec le regretté Bernard Rapp et son "assiette anglaise "du dimanche midi . A l'époque où la littérature avait encore une importance que la télé-réalité et autres vomissures ont remisé aux oubliettes .

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  6. Comme je l'ai écrit sur mon blog, je partage votre avis sur le fond, mais suis plus réservée quant à la forme. Personnellement je n'aurais pas osé me lancer dans ce genre d'exercice, je n'ai pas le bagage technique pour le faire.
    Je suis d'accord sur le fait que notre société privilégie en matière de livres la facilité à la qualité du style et du contenu.
    Pour autant, moi aussi, ce que j'attends avant tout d'un roman, c'est qu'on me raconte une histoire et qu'on me fasse rêver. Je trouve que c'est une mission essentielle des livres et ça ne m'empêche pas pour autant d'être sensible au style et à la qualité de l'intrigue.
    Par ailleurs, je n'aime pas trop les généralisations et je ne suis pas d'accord sur le fait que "les polars, mangas ou Stephen King sont abrutissants". Je lis peu de polars mais j'ai eu l'occasion d'en lire de tout à fait intéressants et qui développaient des idées assez riches. En revanche, je suis une grosse lectrice de mangas. Il y a autant de diversité dans les mangas que dans la littérature. Certains n'ont d'autre but que de divertir mais d'autres ont des visées plus pédagogiques ou un contenu plus ambitieux et tout à fait intéressant.

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  7. à coup de grisou : oui la littérature doit être avant tout une expérience esthétique qui "transporte". Si ce n'est pas cela, ce n'est rien.

    Pour ma part j'ai suivi une filière lettres classiques latin/grec à partir de la 5e. J'ai eu des profs très érudits capables de communiquer à leurs élèves l'amour de la littérature. Les scientifiques n'arrivaient pas à notre niveau et le concours général de mathématiques en classe de seconde a été remporté par une élève (une fille) de ma classe ! Comme quoi !

    A mebahel : c'est la logique des films historiques sur le moyen-âge et la renaissance qui doivent être absolument traités sous l'aspect de la brutalité et de l'horreur : pendaison, bûcher, torture (entre autres) sinon ce n'est pas divertissant.
    Ce n'est pas un cadeau pour Villon. Ce genre de littérature ressemble à une forme de colonisation du passé. Une pollution de l'histoire, dirais-je même.

    A Marie : oui mais moi j'ose, si vous le permettez !;)
    Peu importe le genre d'un roman et ce que l'on n'y recherche, la moindre des choses c'est qu'il ne soit pas bancal. On attend d'une table qu'elle soit au moins capable de tenir sur ces quatre pieds. Il en va de même pour le roman.
    Or le travail de Teulé respire le plus grand amateurisme.

    Vous semblez penser que raconter une histoire "qui fait rêver" n'exige aucune capacité ou moins de capacités qu'une oeuvre plus complexe. Or cela en exige autant.

    Si l'on choisissait un passant dans la rue au hasard qui n'aurait ni voix ni oreille pour interpréter le rôle de Boris Godounov de Moussorgski à l'opéra, les amateurs de chant lyrique hurleraient au scandale.
    Mais il y a un plus grand flou dans la littérature parce que le lectorat est moins éduqué que les amateurs de chant lyrique.
    Si bien que lorsque l'édition se met à moins se préoccuper de vendre de la bonne littérature que du sensationnel, le public n'y voit que du feu.

    Mais mebahel le dit bien : en définitive dans le genre "Teulé" TOUT est dans le descriptif sadique.

    Maintenant pour ce qui est des mangas, des polars et de Stephen King, il m'a semblé que vous ne lisiez pas que cela. Or je parlais de n'avoir que ces lectures pour horizon. J'ai bien écrit : "en ne lisant que".

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  8. je reviendrai lire plus en détail, ça a l'air passionnant ton analyse. Pour ta recherche sur "femme et Shakespeare" (en français, anglais, allemand) c'est plus qu'éclairant : ça en devient limpide. Ben oui... on en a du boulot de ce côté-ci du Rhin, et de la Manche... tu l'auras compris depuis belle lurette, toi qui as préféré t'éloigner de ce genre de relation que les latins affectionnent (héritée des Romains, pour qui la femme était considérée comme une propriété). Ici, c'est toujours, l'homme d'abord... le chef de meute, le mâle, le conquérant (bientôt sur les écrans "La conquête", avec, en prime, Madame... chez Woody Allen...) quelle comédie pathétique, ils nous jouent, avec, en plus, le retour de la femme dans le seul rôle qui lui soit dévolu : celui de la procréation...

    Bon... parfois, ça donnerait envie de renoncer à faire évoluer les choses, s'il n'y avait tant d'hommes intelligents et sensibles (ici aussi !) et tant de femmes stupides (ici aussi...).

    Merci pour ton regard, ta passion, ton courage, et tes "joulis" dessins ;))

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  9. Je ne sais trop que penser de toute ton analyse qui est sans doute un peu calée pour moi(en histoire comme en littérature)... sinon que cela me rappelle la façon de parler au "peuple" de notre président en remplaçant les "cela" par des "ça". Je suis toujours choquée d'entendre ses discours. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il le fait exprès et probablement Teulé pratique le même genre de sport dans son style et dans le scénario, non? Un peu lassée de mes polars, j'ai retrouvé un volume de la pléiade de la comédie humaine et je suis toute étonnée en ce moment de dévorer du Balzac! Je n'aurais pas cru possible de m'y tenir!

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  10. @ Euterpe
    bon, c'est intéressant cette comparaison analytique de deux auteurs, de deux époques différentes, sur un sujet semblable.

    vous montrez que Dumas en fait se montre politologue assez fin et perspicace, et inscrit l'intérêt de son récit dans celui des méandres de la stratégie politique d'une époque
    alors que
    trucpuchelàdont j'ai dajà oublié le nom, est juste un amuseur publique investissant les ponssifs cinématographiques lamentables de son époque

    bref, je suis de formation scientifique et moi on m'a appris dès mes premières années de sciences naturelles combien la rédaction, le choix des termes, la construction des phrases et d'un texte étaient importantes au service du but du travail scientifique.
    cette méthodologie, je la réinvestis autant que faire ce peu dans tous les domaines que j'explore. mais bon, j'ai effectivement observé dans mes rapports à mes pairs, étudiants ou professeurs, qu'ils ne faisaient pas de même : c'est même dramatique de voir que j'ai probablement eu la chance d'être formé par les derniers professeurs à tenir compte de la forme littéraire dans un travail scientifique puisque on en vient maintenant à la pratique du copié collé systématique avec l'usage de l'ordinateur et d'internet (outils que je n'ai pas connu dans mes premières années en matière de documentation et rédaction !).

    à part ça, il m'est aussi venue l'idée souriante que j'avais tout à craindre d'une analyse de ma prose de votre part si tant est que vous lisiez un jour mon roman fantazysciencefiction...

    mais bon... c'est pas grave hein : je serai jamais vendu en librairie ni en super marché.

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  11. A lucia mel : En fait, je suis un peu partie de France pour pouvoir me promener toute seule dans la rue à n'importe quelle heure du jour et de la nuit en toute liberté. Rien que cette liberté (que j'exige absolument) te renforce psychologiquement une femme d'une manière inimaginable !
    Peut-être que c'est ce que j'essaie un peu de faire avec ce blog : communiquer cette énergie à celles des femmes valables qui ne sont pas libres et ceux des hommes extraordinaires qui, pour délit de manque de machisme, n'ont pas voix au chapitre .
    Si j'y réussis un peu, je suis contente ;)
    (En ce qui concerne Carla Bruni et sa grossesse : les journaux d'outre-Rhin ne ricanent pas qu'un peu).

    A Claire Felloni : Balzac aussi élève l'esprit. On peut le lire et le relire sans jamais s'en lasser.
    Et puis, si je peux me permettre ce conseil d'une amoureuse de la nature à une autre : un livre merveilleux parce qu'imprégné de la magie de la campagne: La petite Fadette de George Sand !
    Pour la vulgarité, en effet, elle est devenue un instrument idéologique. C'est la nouveauté de ce siècle !

    A Paul : oui c'est moche d'opposer science et esprit. On voit le résultat.
    Les scientifiques ont rompu avec la littérature lorsque les femmes s'y sont mises et ont remporté quelques grands succès dans ce domaine. Alors il fallait se démarquer d'elles autrement.
    Maintenant c'est avec la cruauté et la violence. C'est à cela que sert un livre sur la Saint-Barthélémy aujourd'hui. Dumas a vulgarisé l'histoire mais si on compare à aujourd'hui, alors, ironie du sort, il devient un véritable historien !
    J'ai d'ailleurs eu des difficultés avec le choix des extraits parce que chez Dumas c'est Charles IX en personne qui commandite l'assassinat de Coligny dont il est question dans l'extrait de Teulé.
    L'insistance de Teulé à présenter Charles IX comme un bébé (on a quand même plus les joues rebondies à 22 ans !) et jouet de la volonté de sa mère est tout de même pitoyable. On a reproché à Dumas de caricaturer Catherine de Médicis mais on est loin, très loin de ce que fait Teulé de ce duo.
    Autre chose : Dumas montre subtilement que le mec normal (Guise) qui n'éveille aucune haine chez personne EST celui qui veut tuer tous les huguenots ! Tandis que le roi demi-fou souhaite juste garder son trône. En fait, les plus grands tortionnaires sont souvent de petits technocrates insignifiants que n'importe quel couple prendrait pour gendre !
    Un roman fantasy science-fiction ? Faut que j'aille voir cela quand j'aurais un moment ! ;)

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  12. La comparaison des deux textes fait mal ! Je vais me replonger dans les Dumas, moi... Et j'ai eu envie cette semaine de créer une échelle de Teulé pour mesurer les romans historiques. Il y a sans doute matière à créer aussi une échelle de Dumas, pour la compléter, en sens inverse.

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  13. Je ne lis plus euacoup depuis un moment. Enfin lire des romans je veux dire parce que j'ai ma dose de manuels, journaux d'info, sites, etc mais ce n'est pas de la littérature.
    Pourtant je dévorais il y a quelques années.
    Honnêtement, lorsque j'essaie de choisir un livre, je ne sais pas quoi prendre. J'ai été tellement déçue par plusieurs auteir-e-s actuels que j'ai toujours peur de me faire arnaquer et je n'ai pas de temps à perrde avec des navets. Je sais c'est bête de ne pas au moins aller à la bibliothèque pour essayer de trouver la perle rare mais je n'arrive pas à trouver un moment.
    Par contre tout le monde semble s'accorder sur le fait que "3 femmes puissantes" soit très bon. Sans doute ma prochaine lecture.

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  14. pour quelqu'un qui n'aime pas Teulé, je trouve que vous lui accorder beaucoup de temps ! N'y aurait-il pas plus d'intérêt à ce que vous consacriez ce précieux temps à nous faire découvrir des ouvrages, des univers d'auteurs... bref, à donner envie de lire à vos lecteurs plutôt que d'ouvrir des débats stériles ? Peut-on réellement se baser sur un extrait d'ouvrage pour en apprécier la pertinence ? J'en doute !

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  15. @euterpe
    mon roman s'appelle Chanson d'orage
    j'ai mis les fichiers pdf des 7 chapitres du livre en téléchargement libre sur un petit site de boutique électronique personnelle avec des jolies couleurs psychédéliques

    http://paulstore.riluma.fr/

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  16. A Euterpe : "Donc il y aussi scientifiques et scientifiques." Amen. Mon ancienne équipe était plus cultivée, ils avaient un bagage culturel qui m'épatait. Dans celle où je suis aujourd'hui, ils sont incollables sur le foot mais leur culture littéraire est réduite. Les rares qui lisent un peu se limitent à un style littéraire et bannissent tout ce qui est un peu compliqué.
    Le côté artistique et intelligent de la littérature est totalement déprécié. Ils veulent du divertissement accessible, du plaisir et du frisson sans effort.

    A Paul : "bref, je suis de formation scientifique et moi on m'a appris dès mes premières années de sciences naturelles combien la rédaction, le choix des termes, la construction des phrases et d'un texte étaient importantes au service du but du travail scientifique."
    De formation scientifique également, on m'a toujours considérée comme un cas particulier car mes notes étaient bonnes presque partout au lieu d'être excellentes dans les matières scientifiques et nulles ailleurs. J'ai connu peu d'enseignants qui mettaient en avant les qualités rédactionnelles des étudiants scientifiques.
    Quand j'ai enseigné l'électronique en université, j'ai été face à des étudiants qui écrivaient avec le style d'un élève de 6ème et une orthographe qui ferait honte à un élève de CM1. Toutes mes tentatives pour leur faire comprendre que faire attention à leur écriture était important ont été vaines. Ils n'en voyaient tout simplement pas l'utilité.

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  17. A la Souris des archives : excellente idée ces échelles ! Quant à Dumas, il est à lire et à relire. Je préconise la série : "La reine Margot", "La dame de Montsoreau" et "Les quarante-cinq", trois oeuvres qui se suivent et couvrent la période allant de la Saint-Barthélémy à la fin du règne de Henri III où l'on fait la connaissance de Jacques Clément mais sans assister à l'assassinat. Pourvu que Teulé qui aime tant le sang n'ait pas l'idée de nous rédiger l'épisode manquant !!!

    A Alice : je te comprends. C'est très difficile de tomber sur un bon roman aujourd'hui. Dans le genre historique, le dernier que j'ai lu est La papesse Jeanne de Donna W. Cross. Un très bon livre. Je suis convaincue que tu l'aimerais.

    A Mo' : Ce blog n'est pas un blog de lecture. Je ne présente pas d'auteur nid'autrice. Je cherche des femmes jetées aux oubliettes de l'histoire ou calomniées au fil du temps. Depuis vingt ans on assiste à une nouvelle révision de l'histoire au sein de la culture populaire où des gens comme Chéreau ou Teulé massacrent pour le business le roman "La reine Margot" d'Alexandre Dumas chacun à leur manière.
    L'un en faisant croire, par une adaptation ciné à sensation, que Dumas aurait présenté Marguerite de Valois comme une traînée et Catherine de Médicis comme un monstre assoiffé de sang. Or s'il est vrai qu'il a fait un mauvais sort à ces deux figures féminines, ce n'est rien en comparaison avec ce que ces deux guignols en font.
    En montrant un Charles IX marionnette de sa mère, Teulé saccage le travail des historiens qui s'efforcent de reconstituer la vérité sur les événements de l'époque.
    A ce niveau-là, ca devient de la propagande. Et dénoncer la propagande n'est jamais une perte de temps.

    à Paul : Ok quand j'aurais un moment j'irais faire un tour ;)

    à Kalista : ben oui leur plaisir de l'effort est uniquement physique. L'effort intellectuel est discrédité, c'est bien là le drame. Mais en ne faisant plus aucun effort pour réfléchir on se met à la merci de ceux qui réfléchissent pour vous et il ne le font généralement pas pour votre bien mais pour le leur.

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  18. Ah, oui La Petite Fadette de George Sand, je l'ai lu cet hiver avec beaucoup de plaisir.

    fa#

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  19. A fa # : moi je l'ai bien lu dix fois tellement il me plaît !

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